DELVILLE WOODLONGUEVAL - SOMME - FRANCE |
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EXTRAITS DES SOUVENIRS RECUEILLIS
DE FRANCIS HERBERT COLLINGWOOD
2nd S.A.I. - A Company
Nous étions cantonnés à 15 kilomètres en arrière de notre première ligne de tranchées. Pendant plusieurs jours, nous parcourions les 15 km qui nous séparaient des dépôts de munitions, où chaque homme ramassait une bombe Morton, pesant 27 kilos, la transportait sur une épaule et, marchant sur des caillebotis glissants le long de tranchées de communication. Nous déposions nos charges à un point de rassemblement désigné en première ligne. Toutes les tranchées étaient creusées en créneaux au lieu de lignes droites et directes, car si une seule bombe Mills explosait dans une tranchée droite, le fils de chaque mère serait tué par l'explosion (l'explosion ne peut évidemment pas contourner les coins). Je n’ai aucune idée de la distance parcourue par chaque bombe, mais nous ne pouvions faire que trois voyages, quand il était temps de revenir en arrière jusqu'à nos cantonnements, où nous étions prêts à tomber d'épuisement.
Votre jour de chance disparaissait, si pendant que vous faisiez la queue pour être renvoyé pour la nuit, le sergent arrivait avec un petit livre et un crayon et vous prévenait de la garde ce soir-là !!!
Cela a duré des jours. Nous pensions que nous étions dans une situation difficile en matière d'eau alors que nous étions dans le désert d'Égypte, mais ce n'était rien comparé à ce que nous avons souffert dans les tranchées.
Le commissariat avait bien prévu que chaque compagnie devrait avoir : a) un chariot d'eau b) un chariot de nourriture et imaginez donc nos sentiments lorsque l'information circulait « Pas d'eau (ou) pas de nourriture aujourd'hui - Jerry a eu un chariot de la compagnie avec un obus ».
Le jour du Big Push a commençé et nous continuâmes à transporter ces bombes jusqu'à ce que la ligne de front de Jerry soit détruite et que les Alliés avancent.
Mon souvenir suivant nous emmène, moi et ma compagnie (A) d'environ 250 hommes, occuper le bois de Bernafay et relever une horde de Manchester qui, lorsqu'elle a vu la relève arriver, se précipita hors du bois, ressemblant à des hommes déments. Nous en découvrîmes bientôt la raison, car à peine y étions-nous entrés, que l'enfer se déchaînait sur nous par l'artillerie allemande qui nous frappait de face, à gauche et à droite.
Ce terrible bombardement concentré sur ce petit bois (beaucoup plus petit que le bois Delville) dura 60 heures, quand nous reçûmes l'ordre de nous retirer.
À aucun moment nous n’avons vu un Allemand et nous restions assis sans rien faire. C’est n’est pas étonnant que la moitié de la compagnie A soit sortie debout – le reste ayant été tué ou blessé.
Après Bernafay, nous nous sommes installés derrière les lignes « pour nous reposer » !!. Nous étions toujours sous les bombardements ennemis et il y avait des victimes.
DELVILLE WOOD
Tôt le matin du 15 juillet 1916, la Brigade pénétra dans le bois Delville, lequel borde le village de Longueval.
On m'ordonna d'accompagner le capitaine Heenan comme son coureur (je devais « courir » - si nécessaire - ici et là avec des messages aux autres officiers dans le bois).
Le groupe du capitaine Heenan était composé de son coureur (qui portait son imperméable, dans la poche duquel se trouvait une bouteille de whisky !), d'une équipe de Lewis et de deux ou trois autres hommes.
Nous étions censés avancer à mi-chemin dans Delville Wood et rendre compte si quelque chose était constaté. Cependant, rien ne fut vu ou entendu et c'était presque comme une belle promenade dans Stella Bush à Durban par une belle journée ! Mais pas pour longtemps ! Nous sommes allés à moins de 50 mètres de l'extrémité du buisson (je l'appelle ainsi à cause de la croissance du buisson) et nous sommes tombés sur un énorme trou d'obus qui a accueilli tout notre groupe.
Nous y restâmes quelque temps, lorsqu'un de nos hommes aperçut des Allemands marchant à l'orée du bois et demanda à Heenan la permission de sortir du trou d'obus pour voir s'il pouvait en « récupérer ». Permission accordée, je pars donc moi aussi et je me positionne à environ 15 mètres du trou. Environ une demi-heure après, j'ai entendu des coups de feu et des bruits et, ce qui m'inquiétait, les coups tombant près de moi par derrière. J’ai demandé en criant à mes camarades s'ils savaient que j'étais là ? Pas de réponse, alors je me précipitai vers le trou pour n'y trouver qu'un seul homme, allongé sur le ventre et gémissant. C'était notre sergent Wilkinson qui ne pouvait rien me dire. Pendant que je lui parlais, j'ai entendu des cris, j'ai levé les yeux et j'ai vu quatre Allemands pointer leurs fusils sur moi. Ils ont sauté dedans, m'ont arraché et m'ont emmené jusqu'à la lisière du bois. En regardant à notre droite, j'ai vu un des gars qui avait demandé à aller faire un peu de tir. Il avait chassé les Jerry puis avait essayé de s'enfuir, mais fut abattu. Comme il était blessé au bras, ils l'ont hissé pour qu'il nous rejoigne moi et mes quatre gardes.
À ce moment-là, l’enfer était déchaîné alors que les Allemands attaquaient là où la Compagnie B les engageait pleinement. Reg Trewearne était en première ligne et, comme il me l'a dit plus tard, l'ennemi s'est précipité vers eux en foule et, comme il l'a dit, ils « tuaient des Allemands à chaque coup de feu », quand l'ordre de son officier est venu de « Arrêtez de tirer ! ». Quand il a crié « A quoi ça sert ? », il se retourna pour découvrir que lui et dix-huit de ses copains étaient isolés et encerclés par les Allemands !
Maintenant, je dois retourner là où moi, avec quatre gardes et mon ami blessé, j'étais escorté hors du bois.
Nous nous sommes dirigés vers la lisière du bois et avons dû sauter à un niveau plus bas (environ 1,50m, ce qui explique pourquoi nous avons vu occasionnellement Jerry, marchant le long de la lisière du bois, comme pour une promenade matinale - à cette heure-là, comme mentionné plus tôt, il n'y avait aucun bruit ni aucune trace de bataille) et nous marchâmes sur environ mille mètres jusqu'à un poste de commandement avancé allemand. Cet endroit était une grande grotte creusée dans un terrain surélevé, où étaient stationnés 3 ou 4 officiers – équipés de téléphones de campagne, pour informer le quartier général à l'arrière.
Un officier m'a attrapé le col et a arraché mon insigne, ce qui lui a appris que j'étais du Natal & O.F.S. Regiment et il m'a posé cette question stupide « Quand prévoyez-vous la prochaine attaque ? » - comme si un simple soldat le savait !
En allant du bois à cette grotte / abri d’officiers, j'ai eu un choc de voir ce qui allait se passer dans le bois Delville et très bientôt ! Devant le bois étaient alignées trois tranchées très longues, remplies de fantassins qui devaient attaquer en trois vagues.
La première vague attaqua alors que nous étions interrogés par l'officier et nous fûmes rejoints par Reg. Tremearne et les dix-huit autres membres de sa Compagnie B. Reg décrivit leur capture : sa compagnie était à la lisière du bois, et virent un premier groupe avançant en formation serrée. La compagnie B fit feu sur eux, abattant des hommes par centaine car ils ne pouvaient rien louper. Ce massacre dura quelques minutes, quand l’ordre vint de l’arrière de « stop firing » (L’ordre « Cease Fire » était aboli). Reg dit qu’il s’écria « Pourquoi diable ? Nous gagnons ! Imagine mon dégoût, en me retournant, de découvrir que nous étions (19 d’entre nous) complètement encerclés par les Allemands ! »
Après que les 19 prisonniers de guerre aient été davantage interrogés, nous avons commencé une longue, longue marche…