DELVILLE WOOD

LONGUEVAL - SOMME - FRANCE

ff

Home

History page

Visit of Delville Wood

Contacts

EXTRAITS DU JOURNAL DE WALTER GIDDY

Avec l'aimable autorisation du neveu de Walter Giddy, M. John Morris de Knysna, Afrique du Sud, et de ses filles Kathy Morris/Ansermino de Vancouver, Canada, et de Wendy Morris/Delbeke de Deerlijk, Belgique.

Walter Giddy est né à Barkly East, dans la Province du Cap, en 1895. Il était le troisième fils de Henry Richard Giddy et de Catherine Octavia Dicks/Giddy. Walter fut scolarisé au Dale's College à King Williamstown. En 1915, en compagnie d'amis, il se porta volontaire pour servir outre-mer. Combattant dans le 2nd S.A. Infantry Regiment, il survécut à la bataille du Bois Delville. Il fut tué par un shrapnel le 12 avril 1917 près de Fampoux, à l'Est d'Arras. Walter Giddy est commémoré dans Point du Jour Military Cemetery, à Athies.

Son journal fut copié par sa jeune soeur Kate Muriel Giddy/Morris.

4 juillet 1916

Toujours dans la Vallée de Suzanne. L'artillerie s'est un peu avancée. Nous avons fait mouvement derrière notre ancienne première ligne, où l'avance démarra il y 2-3 jours. Des morts gisent partout. Aussi bien des Allemands que des hommes à nous. Il n'y a pas eu de temps pour les enterrer...

5 juillet 1916

... il a plu la nuit dernière et nous avons seulement des manteaux, mais je me blottit contre le vieux Fatty et ai dormi assez chaudement. Il n'y a pas d'abris souterrains où nous sommes à présent et des obus explosent désagréablement à proximité.

Avons eu un blessé la nuit dernière... Les Boches gisent en tas, et j'en ai repéré un en particulier qui avait les deux jambes arrachées et sa tête écrasée. Certains commencent à devenir noirs. Ils ont été enterrés aussi rapidement que possible. Ai ramassé un vieux cornet, des balles boches, des pointes d'obus, pour les ramener avec moi, mais je suppose qu'ils seront jetés.

6 juillet 1916

On nous dit de nous tenir prêt, une attaque étant attendue. Reçu £5 de Père.

7 juillet 1916

Ai dormi dans la tranchée en raison des obus boches volant un peu trop près. Ai eu une rude nuit froide, mais les choses semblent se calmer un peu ce matin, aussi nous sommes revenus dans notre petite cabane faite de toiles imperméables. Maudit Fritz, il a commencé à bombarder la route, à environ 380 mètres de là et menant directement à nous. Un Français se tient sur le  parapet et nous interpelle avec agitation. Il levait ses mains et désignait une tranchée de communication. Comme on ne comprenait pas ce que ce type montrait, nous avons couru vers lui et devant se trouvaient des douzaines de prisonniers boches sortant en file de la tranchée. Il pleut si drû que notre cabane est une mare de boue et sommes occupé à sécher notre équipement.

8 juillet 1916

Le 3rd S.A.I. a été relevé par les Yorks qui sont ce matin fort de 400 hommes et sont revenus à 150. Puis nos Ecossais sud-africains ont attaqués avec d'autres régiments et prit le bois. Je crois qu'ils ont beaucoup souffert, mais ils tiennent encore le bois.

Le Boche envoie quelques Tear Shells, qui nous piquotent les yeux, mais ils sont trop loin pour nous causer beaucoup de mal. Deux de nos compagnies sont montées en ligne de feu, et T. Blake, de notre peloton, servant de guide, a eu sa mâchoire brisée et un autre homme a eut sa tête arrachée. Trois canons de l'artillerie de campagne de la 9th Division ont été mis hors de combat. Ils disent que les Boches "ont senti un rat" et ont mis en action des canons de 12" et 9.2.  Aussi je devine que nous allons avoir des moments mouvementés. J'ai eu le bonheur de voir les quatre régiments écossais attaquer dans la matinée. Les Boches les détestent comme le poison, encore que je ne pense pas que leur haine n'excède leur peur. Plus de 100 prisonniers ont été faits et passent devant nous. Les Boches ont envoyés des obus par dessus nos têtes toute la journée. Un s'est abattu dans la vallée, tuant deux artilleurs et en blessant cinq autres.

9 juillet 1916

Je n'oublierai jamais cela, tant que je vivrai. En montant à la tranchée nous avons été bombardés tout le temps. Nous avons vu une file de blessés se rendant au poste de secours... un autre gars avait la moitié de sa tête arrachée et était assis, dans une position recroquevillée, sur le côté d'une tranchée, le sang coulant sur ses chaussures, et un Jock gisait plus loin à moins de 5 mètres au milieu de la tranchée avec son ventre ouvert. Ce sont seulement quelques exemples des visions horribles que nous avons vu toute la journée. Alors que j'écrivais ceci, un gros obus s'est affalé bruyamment dans la terre molle, me couvrant de poussière, un par un ils éclatent autour de nous. Je me demande juste si le prochain va pas nous avoir. Oh ! J'ai bien cru que c'étit fini, un a glissé dans notre tranchée et tué le vieux Fatty Roe, et blessé Keefe, Sammy qui était près de moi, et Sid Phillips, pauvre gars, gît encore près de moi, les brancardiers sont trop affairés pour l'emmener.

Les Manchesters ont évacué le bois au-dessous de nous, et nous sommes les seuls ici. Je me demande si nous aurions été capable de tenir ce bois en cas d'attaque, car notre effectif était très amoindri. J'ai vu de si cruels spectacles aujourd'hui. J'étais bien abrité dans mn petit abri quand le vieux Sammy fut blessé. Je m'en suis miraculeusement sorti.

10 juillet 1916

Toujous là, et les obus volant tout autour, encore trois gars blessés, mais pas de notre peloton. Ai pris les objets de valeur de Fatty Roe et les ai transmis au Sergeant Restall... Nous n'avons pas d'abris souterrains, juste une tranchée à ciel ouvert. Bien sûr, nous avons  creusé, mais ce n'est pas une protection contre ces gros obus allemands... Harold Alger a été sacrement secoué. Je crains qu'il ne s'en sorte pas, un bras et une jambe sont déchiquetés par un shrapnel. J'ai eu de la chance alors que je parlais au Lieutenant Davis, un morceau de shrapnel a touché mon casque, et a frôlé sa tête. Il remarqua "Cela vous a sauvé d'une sale blessure", (en faisant référence au casque). Les Sud Afs dans notre peloton  se sont conduits splendidement, cela a été une rude épreuve.

Nous avons entendu des cris plus bas dans le bois, et Geoghan et Edkins sont parti voir, découvrant trois blessés gisant à découvert. Ils sont là depuis trois jours parmi leurs propres morts, et ont été enterrés plusieurs fois par nos propres obus, et celui qu'ils ont ramenés a été de nouveau blessé. Ils demandent que quatre volontaires ramènent les deux autres, aussi nous y allons. Ce fut une demi-heure épouvantable, mais nous fûmes remerciés par les regards reconnaissants sur leurs visages hagards. Le pauvre vieux  Geoghan fut touché, sa tête fut arrachée par un shrapnel. Quatre d'entre nous l'inhumèrent ce matin.

11 juillet 1916

Nous avons été relevé par nos Ecossais, et sommes revenus à notre ancien campement, mais je me sens si seul, de notre mess de 5, seuls restent 2 et ma demi section n'est plus là...

Un gars du Yorkshire ramène un prisonnier ce matin, alors que nous étions encore dans les tranchées, et s'est arrêté pour discuter. Notre caporal parle allemand, aussi il a offrit une clope au prisonnier, et il nous a dit tout ce que nous voulions savoir. C'était un Saxon et il était dégoûté de la guerre. Notre artillerie avai semé le chaos au sein de leur infanterie depuis le début de la bataille de la Somme. Je n'ai rien dit, mais leur artillerie a offert à nos hommes tout ce qu'elle pouvait porter.

12 juillet 1916

Sommes à environ 2 miles en arrière et les boches ont tout de même réussis à nous placer un obus, tuant un homme et en blessant un autre. Le révérend Cook a été tué alors qu'il aidait à transporter des blessés. J'ai observé les boches bombarder le bois où nous étions hier. On dirait que le bois est en feu, la fumée s'élevant de l'explosion des obus. Nos Ecossais nous ont relevés, et nous avons perdu seize hommes de notre peloton. Ce furent trois cruelles journées, notamment quand les Manchester ont été chassés du bois, à 650 mètres devant nous. Nous nous attendions à que les Boches attaquent à tout moment, mais les Boches auraient eu une chaude réception. Puis les Bedfords ont repris le bois durant le matin, ce qui a renforcé notre position.

13 juillet 1916

...Je pensais que nous étions à l'abri pour un temps. Un obus s'est affalé dans l'abri souterrain voisin au mien, tuant Smithy et blessant Edkins, Lonsdale, Redwood et Bob Thompson, 3 d'entre eux appartenant à notre section. Nous ne sommes plus que trois de l'ancienne section de Sammy. C'est vraiment une guerre cruelle. Avons creusé des tombes pour inhumer nos morts. Nous avons enterrés les Private Redwood, Smith et le Colonel Jones, des Ecossais. Le général Lukin était présent, il semble très soucieux et âgé.

14 juillet 1916

Les nouvelles sont bonnes ce matin. Nos troupes ont repoussés les Boches, et la cavalerie vient juste de passer. Elle semble si excellente. Les Lanciers du Bengale sont présents. Nous avons ordre de nous tenir paré à faire mouvement à tout moment. Il  a plu abondamment ce matin. J'espère que cela ne va pas gênr les mouvements de la cavalerie. Si ce mouvement se termine avec le même succès qu'il a commencé,  il contribuera beaucoup à mettre fin à la guerre. Nos gars sont fatigués de la boue et de l'humidité. Cela change tellement des visages brûlés par le soleil en Egypte, et cette inactivité nous rend ussi vulnérable qu'un rat. La cavalerie a fait un excellent travail, maintenant il reste à nous, l'infanterie, à consolider les positions. Nous sommes parés à avancer...

15/16 juillet 1916

Nous (la Brigade sud-africaine) sommes entré dans le Bois Delville et en avons chassé les Boches, et nous nous sommes retranchés à la lisière perdant de nombreux hommes mais nous les avons repoussés... Puis des snipers ont descendus des copains, alors que nous creusions des tranchées, mais nos gars les ont tenus à distance. Je me suis placé derrière un arbre, avec juste mon oeil droit et mon épaule apparents, et ai fait feu.

Nous tenons la tranchée, et dans la nuit du 16 juillet ils ont livrés une chaude attaque sur notre gauche, seize d'entre eux perçant. Une groupe de granadiers fut demandé pour les repousser (j'étais un des hommes désignés). Nous en avons eu quatre et le reste d'entre eux a dégagé. Il a plu toute la nuit et nous sommes dans la boue à hauteur des chevilles, les fusils couverts de boue, et on essaye comme on l'on peut de les maintenir propres.

17-20 juillet 1916

Les boches ont commencé à nous bombarder, et ce fut meurtrier jusqu'à deux heures dans l'après-midi du 18, quand nous reçûmes l'ordre de s'extraire du mieux qu'on pouvait. Je suis sorti avec le Caporal Farrow, mais Dieu seul sait comment nous l'avons fait, des hommes gisant partout étaient pulvérisés par les tirs d'artillerie, et le bois était balayé par les tirs de fusils et de mitrailleuses. Le Major McLeod, des Ecossais, fut splendide. Je n'ai jamais vu un homme plus courageux, il s'éleva à un niveau inatteignable pour la plupart d'entre nous. Nous nous sommes repliés plus bas dans la vallée et nous nous sommes rassemblés. Je suis arrivé au camp et le Docteur m'ordonna de rester là, ayant une légère attaque de shell shock. Je crois que la 9th Division a repris le bois, et a été immédiatement relevée, et les gars sont retournés au camp, du moins les quelques chanceux. Si il n' avait pas un trou dans mon casque et une contusion au sommet du crâne, je pourrai croire que ce n'était qu'un affreux cauchemar... Les gars se sont bien accrochés mais le bois était complètement applati, aucun être humain ne pouvant y survivre.

J'ai fait beaucoup de prières silencieuses, pour avoir la force de m'en sortir. J'ai trouvé un sergent du 1er Régiment tout tremblant, souffrant d'un shell shock. Je l'ai pris par le bras et ai parvenu à l'amener au poste de secours. Juste serré la main de mon vieux pote John Forbes. Il est blessé à un bras et est bon pour être rapatrié. Je l'envie assez.

Un triste jour pour les Sud-Africains... On nous dit que nous nous sommes fait un nom mais à quel prix. Toute la 9th Division se repose sur une colline. De petits groupes de 25 à 40 hommes constituent les compagnies qui étaient fortes de 200 hommes il y a deux semaines. Nous nous sommes retirés sur plusieurs kilomètres.

21 juillet 1916

Ai pris un bain dans la Somme, et changé de sous-vêtements, et sommes maintenant couché dans l'herbe d'une colline écoutant la Musique de la Division, un jour heureux pour les gars qui avaient été assez chanceux de s'en sortir.

22 juillet 1916

... le général Lukin nous a réuni autour de lui, et nous remercie de la manière splendide avec laquelle nous avons combattu dans les Bois Delville et de Bernafay. Il dit que nous avions l'ordre de prendre et de tenir les bois à n'importe quel prix, et nous l'avons fait pendant quatre jours et quatre nuits, et quand on nous a dit de se replier, nous l'avons fait à la manière de soldats. Il savait que ses gars l'auraient fait et il était très fier de nous, encore plus qu'auparavant, car  il était toujours fier des Sud-Africain. Tout ce qu'il regrettait était la grande perte de vaillants camarades, et nous remerciait du fond du coeur pour ce que nous avions fait..